Une vie sans cloisons
- farzad felezzi
- 21 avr.
- 4 min de lecture

QUESTION de Justine :
Coucou Farzad,
J'aime beaucoup ta réflexion sur la place laissée ou non aux cloisons.
Et si les cloisons pouvaient être des portes à ouvrir, entrouvrir, fermées selon les circonstances ?
RÉPONSE :
Selon moi toute cloison est un mensonge qui voile l'amour que révèle la vraie vie vécue.
La plupart des incarnations humaines se complaisent dans le mensonge et l'hypocrisie. Elles montrent un visage qu'elles cloisonnent avec un autre visage ailleurs dans un autre environnement. Celà est un symptôme de perte de soi et d'instabilité de valeurs.
Ce que beaucoup prennent pour une rupture amoureuse n'est en fait qu'une conséquence pathologique de leur propre égoïsme. Et leurs ''histoires d'amour ne sont vérité que prises d'otages sous chantage affectif et matériel.
Il y a un temps l'homme obligeait la femme a lui obéir sinon il la privait de maison. Puis la femme en fit de même une fois acquis sont autonomie. La prostituée prend en otage son plus riche client qu'elle a rendu accros par renforcement intermittent en le menaçant de retirer son affection s'il devenait désobéissant. Les parents font chanter leurs enfants qui leur rendent la pareil et inversement.
L'égoïsme ou l'égocentrisme où le moi parle du moi incessamment. Où l'autre est réduit à l'état d'objet de satisfaction de plaisirs fugaces bien qu'enivrants. C'est une excroissance de l'individualisme, une fabrique à cloisons et barrières à l'amour dans le cœur. Celà nous empêche de nous aimer les uns les autres et goûter la vraie vie vécue.
Ainsi noyé sous ses illusions, l'être voilé d'humain à l'insatiable appétit mondaine fera toujours semblant d'être bien, d'être heureux, d'être content et bon sous tout rapport pour éviter son propre effondrement.
Les traumatismes subis dans sa vie ne lui apprendront rien du juste attachement, ni du respect de la grâce vécue dans l'instant, ni du service d'Amour ni du sacrifice de dévotion. Il
rejouera les scènes sordides des traumas en se faisant croire à une prétendu et prétentieuse compréhension ou élévation spirituelle tout en restant très stupide et très couillon.
Le véritable éveil est l'éveil à nos stupidités. l'Amour véritable c'est continuer à s'aimer malgré toutes ces stupidité.
Or, les gens se quittent car l'autre était stupide sans voir que l'autre n'est qu'un miroir. Depuis le départ ils ne voyaient que soi.
Seulement il est plus facile de lâcher une injure, dire un mensonge ou perpétuer une injustice en jetant faute sur l'autre, plutôt que de dire la vérité, se pardonner et tout réparer pour continuer à s'aimer tel que l'amour EST : un continum au delà de l'espace et du temps.
Le mensonge se tisse à même la toile de la psyché. Révéler la vérité sous jacente c'est comme tout détricoter, pas juste l'histoire entre deux personnes mais entre tous les acteurs de la conscience collective depuis la nuit des temps.
C'est pourquoi les vrais sages.philosophes et psychologues sont extrêmement seuls et détestés. Leurs paroles et leurs actes pointent vers l'inverse de ce qui fut tissé.
Socrate defi les mensonges jusqu'au procès au prix de sa vie, Abraham brise les idoles, Jésus renverse les tables des marchands du temple et va volontier vers la potence, Mohammad sonne la cloche et s'annonce comme ennemi de tous.
Ainsi va la vie.
Dans le monde qu'il crée, au tribunal des désirs inassouvis, l'amour est l'accusé d'un procès où il sera de toute manière condamné. C'est par le rejet l'abandon la trahison l'humiliation l'injustice et toutes les blessures de l'âme que l'amour est sanctifié.
C'est par là brèche des blessures que tout est tissé. Et cette déchirure de l'illusion de séparation ne peut jamais guérir ni cicatriser. Car en vrai elle n'a jamais existé.
Le tantra c'est le tissage. Le/la tantrika explore le tricot de la vie. C'est celà qui épouse tous les traumas et donc qui comprend et inclus toutes les souffrances. C'est un art de compassion et de miséricorde infini et indéfinissable. Ceux qui arrivent à ce dépassement sont de vrais époux à vie. Loin de tout cliché de couple et conte de fée. La demeure des vrais époux est un coeur dépouillé, vide de toute attente. Dans cette maison le monde existe.
Les premiers disciples de Gautama Bouddha étaient les animaux de la forêt. Le sage voyait les peines de leurs vies respectives et il leur contait leur propre vie de douleurs, de séparation de maladies de vieillesse et de mort pour au final voir que tout ce bas monde est en processus dans un regard. Libéré de l'illusion les élèves devenaient maîtres en soi, vivant d'autre chose, libéré des cycles et des souffrances.
Celà demande un décloisonnement total. Entre tous les regnes minéral végétal animal, entre riches et pauvres, entre vieux et jeunes, entre les plus faibles et les forts en apparence, entre maître et discipline...car en vérité cette cloison n'a jamais existé.
''Je viens à vous non comme un maître mais tel un serviteur...'' Jésus
C'est depuis cette non-posture que le maître brise l'illusion de toute cloison dans l'oeil du disciple transcendé en regard de maître. Un regard d'amour absolue sans cloisons ni conditions.
Un tel être manifeste avec exactitude la volonté d'amour Universelle. C'est une puissance qui peut sembler commander aux lois de l'existence. Le roi des rois ne viens pas pour se servir mais pour eytre serviteur dans une peau des plus fragiles.
La puissance céleste est sublimement cachée dans l'écrin des vulnérabilités. C'est pourquoi elle est souvent comparée à un être doux et tendre en contraste avec le loup dévorant de l'âme insatiable qui bouffe tout dans le monde sans jamais être rassasié. Quelle valeur à un chaperon rouge dans un regard affamé pour qui ''trop c'est jamais assez''
La pureté dans un monde vicieux est dans une quête qui semble désespérée : ''voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups'' dit Jésus aux apôtres à la Pâques.
Et ces sont ces agneaux sont là preuve qu'existent l'amour, la paix et la liberté décloisonné au prix de leur vie.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin dans les lettres de mon moulin.
Joyeuses Pâques
Au glorifié et crucifié à quelques jours près
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